Les Etats-Unis, une « Trump country » ? Pas si simple…


donald-trump-signant-un-decretDès son arrivée au pouvoir, Trump, fidèle à ses provocations et, surtout, à ses promesses de campagne (plutôt positif pour un président, n’est-ce pas ?), s’est empressé de signer tout une série de décrets sous les vivats de ses supporters et les huées de ses détracteurs.
La presse, d’ailleurs, n’a pas manqué ces images soigneusement mises en scène d’un Donald Trump signant, avec son éternelle moue dédaigneuse, ces décrets controversés, comme un directeur des notes de service.

Mais voilà : les USA ne sont pas une entreprise dont Donald Trump serait le CEO. C’est une dé-mo-cra-tie, solide de surcroît, qui a montré dans la durée, sa résilience. Ainsi, ces décrets les plus controversés butent ou buteront rapidement sur des obstacles, certains infranchissables, tous, en tout cas, susceptibles de faire reculer cet apprenti président. Car, n’en déplaise à M. Trump, il existe, dans les démocraties, des contre-pouvoirs.

Quelques exemples : un juge fédéral a très rapidement bloqué l’application du décret anti-immigration ; le Congrès devra approuver (et c’est loin d’être gagné) le financement du mur entre le Mexique et les Etats-Unis  (ceci même si la taxe promise sur les produits importés de ce pays est mise en place); de même pour la sortie des traités internationaux déjà signés par les USA (COP21, TPP, …), etc.

C’est donc un signal très positif que nous envoient les Etats-Unis : il n’est pas si simple, pour le président d’un véritable Etat démocratique, de s’ériger en dictateur.

Avis aux amateurs !

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Trump et le déclin du leadership américain : l’Europe est-elle en ordre de bataille ?


Europe flag perforated by bullet holesQue nous réserve le nouveau Président Donald Trump, fraîchement élu, dont les provocations et les rodomontades ont régulièrement défrayé la chronique et continuent d’alimenter les conjectures ?

Son arrivée, dans un contexte général d’affaiblissement du leadership américain (le récent accord sur la Syrie dont les USA sont les grands absents l’atteste), met l’Union Européenne devant ses responsabilités. Donald Trump a estimé que l’OTAN était une organisation « obsolète » (on ne peut pas lui donner entièrement tort sur ce point) et s’est plaint que ses alliés ne contribuaient pas suffisamment à son financement.

Devons-nous nous attendre à ce que les USA ne se sentent plus engagés, comme par le passé, à faire face à la menace (bien réelle) de la Russie ? Celle-là ne cache pas son appétit pour reprendre pied dans les pays baltes, par exemple. L’historienne spécialiste de la Russie, Françoise Thom, nous avait alertés, voici 18 mois, lors d’une Matinale du Club des Vigilants sur les desseins de cet « état-garnison rassemblé autour de son chef » face à « une Europe minée de l’intérieur, démoralisée, divisée, affaiblie par la crise, handicapée par la relative médiocrité de sa classe politique, inconsciente même du danger dans lequel elle se trouve ».

Le spectre d’une guerre sur notre continent, qui nous paraissait hautement improbable, voire impossible, refait surface avec insistance.

L’imprévisibilité de Donald Trump, la tendance (me semble-t-il lourde) au remplacement d’un monde dominé par les USA par un monde davantage multipolaire, doivent pousser l’UE à prendre davantage en main sa défense. Aujourd’hui, elle se présente en ordre totalement dispersé, même si, ici et là, des voix s’élèvent pour y remédier (citons par exemple la demande des députés européens de la Commission des affaires étrangères de commencer à  mieux faire travailler ensemble nos forces armées – montrant en creux qu’elles ne le font pas aujourd’hui ! – ou la proposition de Thierry Breton de mutualiser les dépenses militaires à travers un fonds européen).
La France est le seul membre à disposer d’une force de dissuasion digne de ce nom. Elle en assume d’ailleurs (très difficilement) seule le coût. La  PSDC (Politique de Sécurité et de Défense Commune) a bien comme « objectif à terme » (mais quel terme ?) une défense commune. Mais ses moyens sont limités et, tout au plus, est-elle capable de conduire des opérations en République centrafricaine ou en Somalie. Certainement pas à faire face à une agression sur son territoire.

La menace que font peser une Amérique tentée de se replier sur elle-même et une Russie tentée par la conquête doit mettre notre défense commune au premier rang de nos priorités.

Pendant que nous nous disputons sur l’accueil des migrants, nous pourrions avoir à faire face à une « invasion » bien plus mortelle. Il est plus que temps que l’Union se mette, au sens propre, en ordre de bataille.

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Brexit : tout change mais rien ne change


Never ending roadA tous ceux qui, comme moi, espéraient des gestes indiquant un changement d’orientation au sein de l’UE, les récents événements apportent un cinglant démenti.

Tout d’abord, force est de constater que, la période initiale de sidération passée, le couple franco-allemand (à moins qu’il ne faille l’appeler germano-français) est moins que jamais à l’unisson. Là où François Hollande semble vouloir accélérer la procédure de séparation afin de reconstruire (« quand on choisit de divorcer, c’est simple on se dépêche de quitter le foyer conjugal »), Angela Merkel préfère temporiser, par pragmatisme sans doute (pour protéger les relations d’affaires entre le Royaume-Uni et l’Allemagne), mais aussi, sûrement, par calcul politique (François Hollande ne serait sans doute pas le « bon » partenaire d’une reconstruction, compte tenu des échéances électorales  – à supposer que la chancelière ait un tel objectif dans son propre agenda).
Bref ! L’espoir d’une « re-construction » de l’Union à partir du couple franco-allemand s’éloigne.

De plus, si cette faute politique ne suffisait pas à doucher les espoirs de ceux qui espéraient un changement, la récente décision de la Commission de déclencher une procédure de sanctions contre les politiques budgétaires de l’Espagne et du Portugal vient a propos leur rappeler que l’espoir d’une plus grande solidarité entre les 27 reste utopique.
Certes les déficits de ces 2 pays dépassent les 3%  fatidiques (respectivement leere taschen5,1% et 4,4%). Alors même que le déficit cumulé de l’Union est sous contrôle et que le poids de ces 2 pays ne met aucunement en danger la stabilité de la zone euro, il ne faut surtout pas changer une politique qui perd.
N’oublions pas, en effet, que les plans d’austérité successifs imposés unilatéralement à ces pays par la Commission, sous la pression de l’Allemagne, ont produit des effets opposés à ceux qui étaient attendus (accroissement du chômage, de la précarité et… de la dette publique).
Bref ! L’unilatéralisme et la pensée unique ont encore de (très) beaux jours.

Alors oui, dans l’Union, rien ne change.

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Le Brexit, une chance historique pour l’Union européenne ?


Road signs EU and BREXITNos amis britanniques s’apprêtent à voter pour ou contre le maintien de leur pays dans l’Union européenne.
La dynamique de la campagne semble indiquer que la sortie de cette Union a le vent en poupe.

Certes le Brexit fait peser un risque économique (d’ailleurs plus fort, semble-t-il, pour nos amis britanniques que pour nous) et politique (une possible « contagion » mais, si elle devait s’avérer, elle ne concernerait que des pays mineurs).

Ce départ ne peut-il pas, bien au contraire, représenter une chance historique pour l’UE ?

Le Royaume-Uni a eu, depuis toujours, « un pied dans l’Union et un pied en dehors ». Ce qui est une assez bonne représentation de son attitude très égoïste, tirant de l’Union ce qui peut être bon pour elle (pour faire simple, l’accès privilégié à un marché important lui permettant de développer son économie, notamment financière), rejetant toute forme de contrainte collective.

Car le Royaume-Uni ne s’est jamais complètement amarré à l’Europe continentale. Winston Churchill n’avait-il pas déclaré au Général de Gaulle, « Sachez-le ! Chaque fois qu’il nous faudra choisir entre l’Europe et le grand large, nous serons toujours pour le grand large ».

Après son adhésion le 1er janvier 1973, faisant suite à 2 tentatives repoussées par la France de De Gaulle (« l’Angleterre, je la veux nue »), et un premier référendum (déjà !) en 1975, il commence, dès l’arrivée au pouvoir de Margaret Thatcher en 1979, à réclamer un traitement particulier.

Le tonitruant « I want my money back » de la Dame de fer ouvre la voie à une suite ininterrompue d’exemptions : rabais sur la contribution budgétaire, coopération judiciaire et policière à la carte, refus d’appliquer la charte des droits du travail, nombreuses dérogations à la législation sociale, refus de participer à l’espace Schengen, etc.
Bref, le Royaume-Uni n’a cessé d’appuyer sur le frein à chaque tentative de l’Union de progresser.

Alors, au moment où l’UE risque la désagrégation, la sortie de ce trublion ne sera-t-elle pas l’occasion de refonder (osons « ré-enchanter ») le « projet » européen et lui (re)donner une ambition réellement collective ? Quelle place politique veut tenir l’Union dans le monde multipolaire post chute du mur de Berlin ? Comment adapter collectivement son économie et ses peuples à la mondialisation ? Comment préparer sa jeunesse à prendre la relève ? Comment intégrer intelligemment les migrants qui la rejoignent ? Comment lui redonner un contenu plus démocratique et éviter la dérive technocratique ? …

Si le Brexit n’a pas lieu… ce sera vraisemblablement « business as usual » !

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Crise de l’agriculture : il faut tenter d’en sortir par le haut !


Salon agricultureLa crise qui touche plusieurs secteurs de l’agriculture (élevages bovin, porcin, production de lait) laisse un sentiment mitigé. D’une part, 70% de nos compatriotes soutiennent les manifestations (pourtant violentes, parfois même choquantes) où s’expriment la colère et le désespoir d’exploitants qui s’estiment victimes (du gouvernement, de la grande distribution, de l’industrie agro-alimentaire,…).
D’autre part on peut s’interroger sur leur propre responsabilité.

Car cette crise n’est pas nouvelle. Elle plonge ses racines dans l’histoire tumultueuse de la politique agricole commune (PAC) de l’UE.
Sans rentrer dans l’extrême complexité des mécanismes communautaires de cette PACPAC_politique-agricole-commune (dont il faut souligner qu’elle représente plus de 40% du budget de l’UE !), rappelons qu’elle a été mise en place en 1962, avec notamment pour objectif d’accroître la productivité et d’assurer un niveau de vie équitable aux agriculteurs (face à l’instabilité des marchés).
Il en est résulté un accroissement important de la production, plaçant l’Europe en tête, au niveau mondial, de nombre de productions (céréales, lait, etc.) et une élévation notable (quantitative et qualitative) du niveau de vie des agriculteurs.
Mais, au fil du temps, des polémiques (les « gros chèques » à Albert de Monaco et à la reine d’Angleterre, le tonitruant « I want my money back » de Margareth Thatcher,…), de l’élargissement de l’Union, de la mise en place de l’OMC, les règles ont évolué pour intégrer davantage la durabilité, le développement rural et… la sacro-sainte compétitivité.

Au final, toute cette mécanique d’incitation et de redistribution a poussé les agriculteurs, devenus entre-temps exploitants agricoles (les termes ne sont pas neutres), dans les bras agrobusinessd’une monoculture industrielle où ils ont perdu leur âme et leur identité. C’est sans doute là leur plus grande part de responsabilité : s’être laissé séduire, sans suffisamment de réflexion (on peut aussi incriminer leurs syndicats professionnels), par le loto de l’agro-business : toujours davantage d’investissements et donc de risques, toujours davantage de volume au détriment de la qualité, toujours davantage de pollution et d’appauvrissement des sols.
Or dans la bataille du « low cost », la France, avec son modèle social aux charges élevées, n’a aucune chance, face aux marchés émergents ou aux champions de l’industrie comme l’Allemagne. Et n’aura probablement jamais aucune chance.

Les gouvernements peuvent toujours essayer de calmer temporairement la grogne de leurs exploitants agricoles par des aménagements de charges (et encore, sous l’œil vigilant et sévère de la Commission européenne). Mais à quel prix ? Et pour quel bénéfice réel ou… électoral ?

Alors, ne serait-il pas préférable de réfléchir à une sortie par le haut ? Quelles sont les pistes ?
Certaines ont déjà été largement explorées à grande échelle. On a vu ainsi les viticulteurs du Languedoc-Roussillon se recentrer sur la qualité (rappelez-vous les « piquettes » qu’ils produisaient encore voici quelques années). On ne parle plus de crise de la viticulture.

Hands holding young plant
Ou alors mettre le cap sur l’agriculture bio. Nos concitoyens sont maintenant mûrs pour accepter de payer (un peu) plus cher pour des produits meilleurs à la fois en goût et pour leur santé. Là encore, pas de crise dans l’agriculture bio.
Une autre piste en devenir : l’agriculture qui privilégie les circuits courts. Les acteurs de cette agriculture là ne descendent pas dans la rue pour manifester
Et sans doute d’autres encore.

Sortir « par le haut » signifie : innover, raisonner en termes de rupture.
Nos « exploitants agricoles » (que, pour ma part, je souhaite voir redevenir des « agriculteurs ») en auront-ils le courage ? Nos « corps constitués » (politiques, hauts fonctionnaires, syndicalistes,…) auront-ils la volonté de les y inciter, de les y aider via des politiques audacieuses ?

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